Résumé de la vie, de l’œuvre et de la personnalité du chanoine Drioton

Le Chanoine Etienne DRIOTON (1889 – 1961)

Un grand Nancéien

Né le 21 novembre 1889 à Nancy, Etienne DRIOTON est issu d’une famille mi-lorraine, mi-bourguignone : ses parents, catholiques fervents, tiennent deux librairies religieuses, ainsi qu’un atelier d’ornements d’église et de vêtements religieux. Aîné de 5 enfants, il sera élevé dans un esprit profondément chrétien.
Brillant élève de Saint Sigisbert, il obtient le Baccalauréat littéraire Grec-Philosophie à l’âge de 16 ans et entre en septembre 1906 au Grand Séminaire, installé à la Chartreuse de Bosserville où il recevra la tonsure le 4 août 1907 et les ordres mineurs l’année suivante.
Devant ses excellents résultats, Monseigneur Turinaz l’envoie au Séminaire Français de Rome où il sera ordonné prêtre en 1912 et où il obtiendra en 1913 deux doctorats en Philosophie et en Théologie ainsi qu’une licence ès Sciences Bibliques.
A peine rentré sur Nancy et sur le point de partir à Paris, la guerre éclate : il est aumônier à l’hôpital Sédillot pendant les trois premières années du conflit avant d’être nommé infirmier à Troyes, puis de revenir à Nancy à la fin de la guerre. Dès sa démobilisation en 1919, et sous les bons auspices de Monseigneur Ruch, le nouvel évêque de Nancy, il quittera sa ville natale pour Paris… et d’autres horizons.
Mais Nancy restera fidèle à son coeur puisqu’en 1929, il sera nommé Chanoine honoraire de Nancy et qu’à chaque moment de disponibilité, on le retrouvera dans la maison de ses parents ou de sa soeur Marguerite à Villers et certains se souviennent encore de ses sermons, de ses allocutions lors de mariages ou de baptêmes ainsi que de ses conférences dans le cercle de l’Académie de Stanislas.
Décédé le 16 janvier 1961, ses obsèques feront l’objet d’une grandiose cérémonie à la Cathédrale de Nancy; mais lui-même repose, sous une simple pierre tombale, dans le caveau familial de Villers les Nancy.

Un grand scientifique

La carrière du Chanoine Etienne Drioton est digne des plus grands éloges. En effet, dès 1920, à peine arrivé à Paris, il est nommé professeur à l’Institut Catholique : d’égyptien, de copte et de démotique. Lors de la création de la Société française d’Egyptologie en 1923, le poste de secrétaire général lui échoit.
Puis en novembre 1924, l’IFAO (Institut Français des Antiquités Orientales) lui confie un chantier de fouilles à Medamoud (environs de Louxor). Chantier qu’il retrouvera durant cinq années consécutives avant d’assumer aussi celui de Tod en 1935.
En 1926, il est Conservateur adjoint au département des Antiquités Egyptiennes du Louvre où il réaménage les salles coptes et la galerie d’Epigraphie. En parallèle à ses cours à l’Institut Catholique, il en assure également au Louvre.
Dix ans plus tard, c’est sa nomination au poste de Directeur Général des Antiquités Egyptiennes au Caire qui va être la consécration de sa carrière.
En 1938, il est fait Chevalier de la Légion d’Honneur et en 1950, Officier. Son travail est unanimement reconnu. Mais en 1952, le renversement du Roi Farouk, avec lequel il était très lié, contraint le Chanoine Drioton à ne pas retourner en Egypte. Dès lors il se consacrera à la publication de ses travaux et à l’enseignement : directeur de recherches au CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique), professeur à l’EPHE (Ecole Pratique des Hautes Etudes), au Louvre, à l’Institut Catholique et enfin, de 1957 à 1960, au Collège de France en Philologie et Archéologie égyptiennes. Ce dernier poste qu’il occupa jusqu’à son départ en retraite ainsi que son élection à la présidence de la Société d’Egyptologie clôturaient le parcours sans faute de cet homme exceptionnel.

Une personnalité hors du commun

Travailleur infatigable, sa puissance de travail étonne. Un peu plus de 400 titres (publications diverses, de quelques lignes à des ouvrages volumineux) à son actif ! Hors les relations inhérentes à des objets et à des chantiers archéologiques, trois centres d’intérêt propres au Chanoine s’en dégagent :

  • l’Egyptien hiéroglyphique pour lequel il avait rédigé un cours de grammaire dès 1919 mais qui n’a jamais été publié ! Et ses rapprochements avec le démotique et surtout le copte.
  • la Cryptographie ou cette écriture secrète principalement rattachée à l’étude des scarabées et qui intéressa le Chanoine dès 1932
  • le théâtre dont il tenta de démontrer l’existence dès 1942
  • et enfin la religion dont il défend la conception néo-monophysite jusqu’à sa mort.

Hors ses talents d’orateur, de conférencier, de professeur, de chef de chantiers, de conservateur de musée, il sait aussi recevoir, mener des ambassades, accueillir des chefs d’état et de hauts responsables de nombreux pays (Edouard Herriot par exemple), s’entourer de collaborateurs éminents (Jean Sainte Fare-Garnot, Jean Leclant, Jean Paul Lauer, Pierre Montet, André Parinaud, François Daumas) et d’étudiants devenus célèbres (André Parrot et Christiane Desroches-Noblecourt qui furent ses élèves, puis ses amis, pour n’en citer que deux parmi des dizaines d’autres), tout en gardant sourire, bonté et disponibilité.